C’est une histoire renversante. Pour une fois qu’on est dans un théâtre, on va en profiter. Je ne suis pas d’ici. Je viens du cirque. 100 %. Les chapiteaux, la boue, les chaussures de sécurité, les caravanes qu’on conduit avec des chapeaux de cowboy, les numéros de 7 min où on a 3 essais et où on fait semblant de louper 2 fois avant de réussir à la 3e – chaque minute est comptée-, le funambulisme et le vertige, s’entraîner des années sur un geste pour chercher ses limites, avoir des gros bras sinon on n’existe pas. Le cirque parle de plus en plus. Et moi aussi. Dans un théâtre, j’ai pas le bon code. Je compte bien sur mes 3 essais quand même.
De là on déplie.
Installer notre paysage de cirque dans un théâtre, sur un plateau ou pas ! Ça se précise !
En face, un gradin, avec des gens, des vrais, une belle piste. Derrière, des perches, des projecteurs, des pendrillons, une laveuse automatique, tous les outils du théâtre. Y’a des loges, dans lesquelles on pourra aller, des balcons pour faire du Shakespeare.
Quelqu’un sait parler anglais ? y’a même un piano sur scène, ils ont oublié de l’enlever. Quelqu’un sait en jouer ? Faut y aller, ça va nous maintenir. Sinon il ne va rien se passer. Qui se dévoue ?
On fabriquera des paysages : un ours qui pêche, une descente de chevalier très lente, très lente et qui monte sur scène et vient éteindre la lumière. Je vous l’avais dit, j’ai pas les codes.
J’entends déjà le piano qui se réveille, c’est un début.
La vie de ma mère, je vous en parlerai plus tard, pour le moment, je ne veux pas la mêler à cette affaire.